
Présentation du nouveau PLU-Bioclimatique de Paris

Thomas Teyssaire
19 févr. 2025
Un tournant pour l’urbanisme durable de la capitale
Jeudi 13 février se tenait à Paris-Malaquais la présentation aux services juridiques de la Ville de Paris du PLU-Bioclimatique. Paris-Malaquais avait également invité pour l’occasion des HMistes et leurs tuteurs architectes. L’Atelier JUNO était présent pour cette riche et dense présentation !
Le 20 novembre dernier, le Conseil de Paris a adopté une révision majeure du Plan Local d’Urbanisme (PLU), intégrant désormais une approche bioclimatique. Cette révision vise à adapter la capitale aux enjeux climatiques actuels et à anticiper les défis futurs en matière de construction, de réhabilitation et d’aménagement urbain.
En tant qu’acteurs du secteur de l'architecture et de la construction, cette évolution est un sujet crucial, tant les nouvelles exigences obligeront à repenser nos pratiques.
Une révision complète pour une ville plus verte et plus résiliente
Le PLU-Bioclimatique introduit des modifications profondes dans les règles de construction et de réhabilitation à Paris. La réglementation du zoning (urbain, périurbain, agricole, naturel) reste inchangée, mais la véritable nouveauté réside dans l’intégration de critères environnementaux et bioclimatiques dans les processus de conception. Ces nouvelles règles imposent une réflexion plus fine sur l'usage des sols, l'intégration de la nature en ville et la préservation du patrimoine.
Cette révision du PLU est également l’occasion de tisser des liens plus étroits entre les acteurs de l’urbanisme, les architectes et les autorités publiques. Le dialogue entre la direction de l’urbanisme de la Ville de Paris et les professionnels est plus que jamais essentiel pour anticiper et accompagner ces transformations.
Des orientations stratégiques et des projets concrets
Les grandes orientations du Plan d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) couvrent divers aspects de l'urbanisme, avec un focus particulier sur la biodiversité, la réhabilitation des bâtiments anciens et la ville du quart d'heure. L’objectif est de renforcer la nature en ville, améliorer la perméabilité des sols et privilégier la réhabilitation plutôt que la construction neuve.
Le Plan d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) du PLU-Bioclimatique s’articule autour de 13 orientations sectorielles et 7 orientations thématiques, visant à répondre aux défis environnementaux, sociaux et économiques de la capitale.
Les orientations sectorielles se concentrent sur des zones géographiques précises de Paris, où des stratégies spécifiques doivent être appliquées pour une meilleure intégration de la nature et de l'urbanisme. Par exemple, certaines zones devront prioriser la réhabilitation de bâtiments anciens et la densification urbaine, tandis que d’autres devront intégrer des espaces de loisirs et de biodiversité en réponse à des besoins environnementaux spécifiques.
Les orientations thématiques, quant à elles, abordent des enjeux transversaux, au-delà des zones géographiques spécifiques. Parmi elles, la biodiversité est au cœur des préoccupations, visant à renforcer la présence de la nature en ville à travers la végétalisation des espaces publics et privés. L’évolution du bâti, en favorisant la réversibilité des constructions et la préservation du patrimoine architectural, est également une priorité. Des concepts comme la ville du quart d’heure, où chaque fonction essentielle est accessible à pied en 15 minutes, ou l’intégration de principes de santé publique et environnementale (ex. éviter la proximité d’équipements sensibles comme les crèches et les autoroutes) viennent compléter ces orientations. L’objectif global est de créer une ville plus résiliente, plus verte et plus respectueuse de ses habitants et de son patrimoine.
Ces orientations nombreuses ne peuvent bien sûr pas toujours s’appliquer à chaque parcelle de la même manière. Cette révision du PLU amène donc une notion de compatibilité, ce qui sous-tend l’idée d’une norme souple à contrario du règlement qui reste la norme dure

Un regard sur les réglementations et les exigences
Parmi les mesures les plus significatives, on note une nouvelle approche concernant l’implantation au sol et les hauteurs des constructions. Par exemple, la hauteur maximale autorisée des bâtiments est désormais de 37 mètres, avec des possibilités d’élévation pour les projets de logements. De plus, la réglementation impose de nouvelles exigences en termes de végétalisation des espaces publics et des bâtiments, visant à atteindre les 300 hectares d’espaces verts protégés.
Les exigences environnementales des constructions, qu’elles soient neuves ou en extension, devront être en accord avec la réglementation énergétique RE2020, renforçant l'impact écologique de chaque projet.

La réglementation des sols : une nouvelle approche pour l’urbanisme parisien
La révision du PLU-Bioclimatique introduit une réglementation des sols plus stricte, visant à concilier urbanisation, développement durable et préservation des ressources naturelles. La classification des sols reste fondée sur les quatre zones principales du Code de l'Urbanisme : zone urbaine (U), zone à urbaniser (AU), zone agricole (A) et zone naturelle (N). Ces zones définissent les usages autorisés et les contraintes associées à chaque parcelle. Si le zonage reste stable, la manière d’aménager et de construire dans ces zones est désormais dictée par des objectifs bioclimatiques. Par exemple, les zones urbaines devront intégrer des espaces végétalisés en surface et en toiture, tandis que la préservation des sols agricoles et naturels est renforcée par des règles de non-artificialisation des terres.
Dans le cadre des nouveaux règlements sur l'implantation au sol et les hauteurs des constructions, le PLU-Bioclimatique limite les hauteurs des bâtiments à 37 mètres, supprimant les anciennes zones autorisant des constructions de 50 à 180 mètres de hauteur. Cette limitation vise à préserver l’aspect visuel de la ville et à favoriser l’intégration des constructions dans le paysage existant. De plus, la perméabilité des sols devient une priorité : la réduction de l’imperméabilisation des sols, notamment par la végétalisation des toitures et des façades, est imposée pour tous les nouveaux projets. Ces nouvelles règles permettent de répondre aux enjeux de gestion des eaux pluviales et de lutte contre les îlots de chaleur urbains.
Petit récap du dernier règlement en vigueur :
UG1 - Occupation et utilisation des sols, destinations des constructions
UG2 - Caractéristiques architecturales et urbaines des constructions, aspect
UG3 - Implantation, hauteurs et volumétrie des constructions
Nouveau: les filets restrictifs avec règles quantitatives et qualitatives
Max 37m de haut (suppression des zones 50m et 180m)
Possibilité de surélevé en cas de réalisation de logements
Nouveaux secteurs de bâtiments et ensembles modernes (années 50/80)
Forme d'insertion à respecter pour les séquences architecturales
UG4 - Espaces libres, végétalisation des abords des constructions et du bâti
Caractéristiques des espaces végétalisés et plantations - exigences quantitatives de plantations sur les espaces libres
Exigences de végétalisation du bâti- pondéré selon type de végétalisation (toiture ou façades)
Travail important d'identification de parcelles pour atteindre l'objectif des 300 ha d’espaces verts protégés
UG5 - Conception Bioclimatique et performances environnementales
Rtex (réglementations énergétiques applicables aux constructions existantes)
En accord avec le RE2020
UG6 - Réseaux et assainissement, déchets
UG7 - Desserte, stationnement
Exigences qualitatives pour locaux vélos + exigences quantitatives (7% espace planchers au RDC)
UG8 - Valorisation des externalités positives des projets
Le porteur de projet devra choisir 3 critères parmi les 9 existants pour surperformance pour faire valider le projet
Le projet au cœur de la politique parisienne
Lamia EL AARAJE, adjointe à la mairie de Paris chargée de l’urbanisme était présente pour évoquer le PLU sous l’angle politique.
Cette révision du PLU s’inscrit dans une volonté politique forte de rendre Paris plus durable et plus inclusif à l’aide de 4 piliers :
Adaptation de la ville au changement climatique tout en préservant l’aspect patrimonial
Ambition du logement public, être en capacité de se loger en ville.
Pas de quartier monofonctionnel, ville du quart d'heure et de la qualité de vie.
Attractivité économique.
Les priorités de cette politique comprennent la lutte contre les changements climatiques, l’amélioration du cadre de vie, et la transformation des quartiers monofonctionnels en espaces mixtes. L’attractivité de Paris doit se conjuguer avec une volonté de préservation du patrimoine et une démarche inclusive face aux enjeux sociaux, comme la transformation des logements vacants en logements sociaux.
Ce travail s’inscrit également dans un dialogue plus large avec les citoyens, comme en témoigne la consultation publique qui a recueilli plus de 70 000 avis. La volonté de Paris est claire : l’implication de tous est nécessaire pour bâtir la ville de demain.
Nouveau site web : tout le PLU est accessible depuis cette nouvelle adresse :
https://regles-urbanisme.paris.fr/plu-bioclimatique/

Vers une urbanité plus responsable et inclusive
Le PLU-Bioclimatique marque un tournant pour l'urbanisme parisien, en introduisant des normes plus strictes et ambitieuses en matière de développement durable, de végétalisation et de performance énergétique. Ces mesures, tout en répondant aux défis écologiques, visent aussi à renforcer la résilience et l’attractivité de la capitale dans un contexte mondial où l'urbanisme durable devient une nécessité.
La révision du PLU de Paris s'inscrit dans une dynamique de transformation de la ville pour les générations futures. Pour les architectes et urbanistes, cela représente un défi mais aussi une opportunité de réinventer la manière dont nous concevons et aménageons nos espaces de vie.
L’œil de l’architecte
En tant qu’architectes, à l’Atelier Juno, nous sommes conscients des enjeux bioclimatiques, de la nécessité d’accompagner la transition du bâti, de préserver les ressources et de travail l’existant. Le PLU Bioclimatique peut se voir comme de nouvelles contraintes mais nous le voyons plutôt comme des opportunités. Faire de ces contraintes des pistes d’améliorations et de performances dans les projets de nos maitres d’ouvrages tout en étant soutenu par les pouvoirs publics grâce à ce PLU.